Chirurgie de l'obésité

Longtemps attribuée à un simple travers, l’obésité est enfin considérée dans notre pays comme une véritable maladie.
L’origine de cette obésité reste discutée. Il est néanmoins admis que les obèses d’aujourd’hui sont des « stockeurs » qui ont été sélectionnés au fil des siècles pour résister aux famines grâce aux gênes de l’obésité. Certains vont même jusqu’à dire que si l’espèce humaine a pu traverser le Moyen Age et les grandes périodes de sécheresse en Afrique, c’est grâce à eux. Cette évolution s’est donc faite sur plusieurs siècles. Nous ne sommes pas égaux devant la prise de poids, dès qu’un stockeur consommera une ration alimentaire supérieure à ce dont il a besoin, il le transformera en surpoids, en prévision d’une future disette. Et quand la disette ne vient pas, si le stockeur est confronté à une alimentation riche en graisse et sucre (fast-food par exemple) au détriment des protéines, il grossit énormément.
L’image du corps est de plus en plus importante dans notre société. Les critères de beauté et d’intégration passant désormais par la minceur, l’image des obèses est donc mauvaise, ils sont montrés du doigt, marginalisés, mis au ban de notre société. Les obèses sont donc confrontés à une discrimination quotidienne : dans l’embauche, le regard des autres, la représentation de l’homme ou de la femme idéale dans les magazines ou à la télévision, etc. Ces discriminations provoquent une souffrance réelle et profonde souvent peu exprimée par le(s) patient(e)(s). L’obésité est une maladie qui frappe ceux qui sont génétiquement prédisposés.
Elle est la seule addiction qui connaît un traitement potentiellement efficace puisqu'elle peut être traitée efficacement dans plus de 85% des cas.
Il n’y a actuellement aucun traitement curatif de l’obésité, ni médical ni chirurgical. Les traitements actuels ne traitent pas la cause de l’obésité mais juste sa conséquence : la prise de poids.

Pourquoi faut-il traiter l’obésité ? Pour deux raisons

  • Il s’agit tout d’abord d’un problème de santé publique car le coût annuel direct de l'obésité, correspondant à la prise en charge de l'obésité et des maladies qui lui sont liées (hypertension artérielle, le diabète de type 2, l’insuffisance coronaire, les dyslipidémies, l’insuffisance respiratoire et l’apnée du sommeil) est estimé à 640 millions d’euros en France (l'obésité coûte chaque année cent milliards de dollars aux Etats-Unis).
  • La deuxième raison est que les obèses sont victimes d’exclusion compte-tenu de notre société actuelle, le traitement de l’obésité n’est pas le traitement de la graisse, mais celui de l’estime de soi.

le traitement

Le traitement de l’obésité est tout d’abord médical. La chirurgie ne peut pas s’envisager en première intention. Cette prise en charge non chirurgicale associe traitement comportemental, physique, diététique et éventuellement médicamenteux. Malheureusement, cela n’est efficace que dans 5% des cas, avec dans 95% des cas un échappement voire un rebond avec aggravation de l’excès pondéral (effet dit « yoyo »).

La chirurgie n’est envisagée qu’après échec de la prise en charge médicale. C’est pourquoi, le traitement de l’obésité nécessite une prise en charge multidisciplinaire. La haute autorité de santé (H.A.S.) vient d’élaborer les critères nécessaires pour pouvoir prendre en charge l’obésité.

Le traitement chirurgical de l’obésité est ancien, la première intervention ayant été faite en 1954 par A. Kremer. De nos jours cette chirurgie se fait par laparoscopie (ou coelioscopie). En effet l’approche coelioscopique a permis de proposer à ces malades une approche mini-invasive diminuant ainsi les complications postopératoires pariétales et respiratoires particulièrement fréquentes chez ces patients à risque.

Trois interventions sont actuellement pratiquées en France : la gastroplastie horizontale calibrée (anneau périgastrique ajustable), les courts-circuits gastriques (by-pass) et la Sleeve gastrectomie. Le but de ces interventions est soit de diminuer la quantité d’aliments ingérés (restriction) soit de modifier l’absorption des aliments (malabsorption) soit de faire les deux (mixte). Le choix entre l’une ou l’autre des interventions se fait en fonction des habitudes alimentaires, du métier, des antécédents, de l’anatomie et du choix du patient.

La chirurgie est le traitement le plus efficace. Chaque patient a une réponse unique, individuelle à la chirurgie. Le bon résultat dépend de son comportement après la chirurgie.
Avant d’envisager une chirurgie, un bilan complet est nécessaire : cardiaque, pneumologique, psychologique, digestif. Le dossier ne peut pas se faire du jour au lendemain, il se fait généralement en 2 à 3 mois. La décision d’une chirurgie n’est jamais une décision facile, ni pour le patient, ni pour le chirurgien, ce délai est donc très important pour essayer de choisir la bonne solution. Le patient participe pleinement à la décision. Il faut qu’il se renseigne sur le « net », une association de patient qui vient voir le jour à Gap (« etrefortensemble, loi 1901) va permettre d’organiser des témoignages, des journées culinaires, des activités physiques adaptées. Enfin un site internet (obésité 05) devrait permettre d’améliorer l’information, la prévention et la prise en charge de l’obésité dans notre département.

Pour permettre cette prise en charge le CHICAS a investi dans du matériel particulier ainsi que dans l’achat d’une table opératoire spécifique permettant de traiter des patients dits « superobèses » (IMC>50 Kg/m2). Ceci facilite la chirurgie coelioscopique de l’obésité et diminue les risques de compressions nerveuses qui sont plus grands chez ces patients.

au CHICAS...

Renseignements et prise de rendez-vous auprès du Service de Chirurgie viscérale et digestive
Drs Jérôme ATGER et Franck DELACOSTE
Tél : 04 92 40 61 63
Email :
chviscerale@chicas-gap.fr